there's nowhere we can hide. (w/ewan @home)

when your dreams all fail and the ones we hail
are the worst of all and the blood's run stale
i want to hide the truth.

Elle soupire Lily, tourne finalement la tête pour regarder l'heure. Neuf heures. Elle grogne. Elle le déteste. Elle le détesterait si ça ne lui brisait pas le cœur en même temps que les couilles. Elle a grappillé trois heures de sommeil au moins. Un peu moins que la nuit dernière mais c'est déjà ça. Encore une fois, elle se demande comment c'est elle qui a hérité d'Ewan. Pourquoi il n'est pas chez leur mère. Ou chez Rosie, Rosie et son grand cœur ouvert. Elle ne sait pas faire Lily. elle ne sait pas comment soigner, tout ce qu'elle sait c'est briser. Elle se lève, elle sait qu'elle ne se rendormira pas. Le soleil trace une ligne dans son salon, enfoui dans la pénombre. Elle a besoin de café. D'une tonne de café. La machine en marche, elle lance deux tasses, ajoute de la chantilly dans la sienne, son seul pêché mignon. Ses pieds nus glissent sans bruit dans le salon, et elle pose les yeux sur son frère. Encore aujourd'hui, deux semaines après, son cœur palpite en le voyant. Il est là, vivant. Vivant. Et tout ce qu'elle veut Lily c'est le tuer. Le tuer pour avoir rejoint l'armée. Le tuer pour les avoir fait souffrir. Pour Poppy et sa descente aux enfers. Pour son propre cœur atrophié. Mais elle peut pas. Pas quand ses lèvres se recourbent en un sourire chaque fois qu'il ne la regarde pas. Vivant. Elle pose une tasse sur la table basse, s'empare d'un coussin et le lance de toutes ses forces sur la tête d'Ewan. Elle a vu trop de films pour le réveiller en étant trop près. Elle a lu trop de choses pour le laisser cauchemarder encore une fois. C'est la troisième fois qu'il la réveille ce matin. Cette nuit pour elle. Elle ne va pas pouvoir continuer longtemps comme ça. Elle a besoin de sommeil. Et elle en a besoin pour hier. - Il n'y a pas de raison que je sois la seule debout à cette heure là. Elle grogne, pose ses fesses sur son fauteuil favoris et observe le visage de son frère. Elle ne lui dit pas. Bien sur qu'elle ne lui dit pas, que c'est lui qui la réveille. Qu'elle a pleuré les deux dernières fois . - Café sur la table. Elle pointe du menton, avant de se perdre dans le sien. Elle est pas vraiment supposé boire de café mais ces derniers temps, elle estime qu'il y a prescriptions. - Tu pourrais te doucher en rentrant du travail tu sais. Histoire de pas traumatiser mon canapé. Le ton manque de mordant, presque banal. Cliché. (@solsken, imagine dragons)

Un juron manquait de peu de traverser ses lèvres. Un sursaut, son coeur avait loupé un battement. Le souffle coupé, la peur au ventre, aux aguets. La peur ne le quittait plus, le moindre bruit qui résonne trop fort, le moindre silence qui dure trop longtemps le faisait paniquer. Les sourcils froncés et l'air offusqué, il observait sa soeur, le regard plein de questions. Il avait connu meilleur réveil. Ses yeux se baissaient sur l'oreiller tombé sur le sol alors qu'il tentait d'effacer l'air effrayé qui s'était dessinait sur son visage. Un soupir traversait ses lèvres alors qu'elle lui disait refuser qu'il continue de dormir et pas elle. Il passait une main lasse sur son visage ne sachant pas quoi répondre à ça. Pour une fois qu'il parvenait à fermer les yeux pendant quelques heures sans se réveiller en sueur. Depuis son retour, il ne dormait presque pas, de peur de se réveiller de nouveau là-bas. “Bonjour à toi aussi, Lily.” lâchait-il ironiquement ne la lâchant pas du regard. Elle s'installait face à lui avant de lui montrer une tasse de café posée sur la table basse. Il haussait un sourcil, mi-agacé, mi-amusé. Avec sa soeur, il se croirait presque de retour à l'armée. Il se demandait qui dans la famille avait décidé qu'il irait vivre avec Lily quelques temps, qui lui en voulait à ce point. “Il est quelle heure?” Depuis son retour, il y a deux semaines, les relations avec sa cadette étaient difficiles. Il y avait une gêne, l'air était suffocant, les regards presque meurtriers. Elle lui en avait voulu d'être parti, il le savait, et maintenant elle lui en voulait d'être revenu. Il se redressait dans le canapé grimaçant doucement à cause des côtes qui le faisaient encore souffrir. Après avoir passé une main rapide dans ses cheveux mal coiffés, il se penchait doucement pour attraper la tasse. Il l'entourait de ses mains pour se réchauffer alors que l'odeur du café venait titiller ses narines. “Merci.” lâchait-il en fixant le liquide noir dans la tasse. Il ne savait pas comment communiquer avec sa soeur. Il n'avait pas la force de se battre, Ewan. Il lui en voulait à Lily d'être aussi rancunière, aussi égoïste, alors qu'il avait besoin d'elle plus que jamais. Mais il n'en disait rien, il était bien trop fier pour ça. Elle semblait détachée, comme désintéressée de son cas. Peut-être l'avait-elle réellement enterré il y a un an de cela. Son visage se fermait lorsqu'elle reprenait la parole. Il riait nerveusement, mais surtout ironiquement. Ce genre de réflexion était la spécialité de sa cadette, il le savait que trop bien, il y avait droit tous les jours depuis qu'il était revenu. Parfois, il se disait qu'elle aurait peut-être préféré qu'il soit mort. “Vraiment, Lily? Tu n'as personne d'autre à emmerder à cette heure-là?” Son ton était neutre, presque désespéré. Il n'en pouvait plus, cette bataille verbale l'épuisait. Chaque mot qu'elle lui crachait à la figure l'écorchait un peu plus. Il était brisé, physiquement et moralement, Ewan, et sa soeur n'était d'aucune aide. Bien au contraire.

Elle grogne vaguement, sa version du bonjour. Persuadée qu'a cette heure là, ça ne peut aucunement être un bon jour. Elle déteste être réveillée en pleine nuit mais encore plus, elle déteste être réveillée par ses cauchemars. Tout simplement parce qu'il les a. Elle donnerait n'importe quoi pour qu'il en soit dépourvu. N'importe quoi. Et pourtant, encore aujourd'hui, elle l'entend se débattre dans son sommeil et, fichues hormones, ça lui donne les larmes aux yeux. Mais elle ne peut pas Lily, elle ne sait pas. Juste lui dire. Juste être franche, et tout déballer. Les sentiments ce n'est pas ce qu'elle maitrise le mieux. Alors elle contourne. Et elle le pousse. Elle sait qu'elle va le pousser trop fort à un moment. Mais elle n'arrive pas, elle n'y arrive pas. A juste lui dire qu'elle l'aime. A lui dire qu'elle est plus qu'heureuse de le voir ici. De le voir en vie. Elle arrive pas à lui dire qu'elle s'est levée trois fois la nuit dernière, juste pour s'assurer qu'il était là, juste pour s'assurer qu'il respirait toujours. Non, Lily elle lance des coussins, elle râle, grogne. Elle fait ce qu'elle peut. - Neuf heures et quart. Et trois heures de sommeil. Elle précise, sans trop savoir pourquoi, juste une information jetée dans le tas. Elle ferme les yeux un moment, savourant son le premier café du matin. - De rien. Elle répond doucement, presque contente d'elle. Voila, tu peux être polie aussi, elle se congratule presque. Elle n'arrive pas vraiment à le regarder mais quand il est là, elle n'arrive pas à le lâcher du regard. Alors elle fixe ses mains. Elle observe la courbe de son cou, les muscles de ses avants bras lorsqu'il bouge. Mais pas ses yeux. Jamais ses yeux. - Personne qui soit là. Elle hausse les épaules, l'air nonchalant mais son cœur se constricte. Il est là, il est là, tourne en boucle. Presque sans y croire. Et elle voit bien qu'elle n'aide pas. Elle comprend qu'elle lui pèse, qu'elle s'ajoute à sa liste de problèmes mais la blessure est encore béante. - Tu vas y retourner? Elle demande finalement, ses paupières baissées, les yeux perdus dans sa tasse. Elle hait son ton tremblant, gamine embusquée. Elle pourra pas le supporter. Aucun d'entre eux ne pourra le supporter. Lui non plus. - Parce que tu sais, Poppy est rentrée. Et je pense que ça lui ferait du bien de te voir. Elle hôche la tête, d'accord avec elle même. - De désintox. Elle est rentrée de désintox. Parce qu'il ne le sait peut-être pas. Ou peut-être que quelqu'un lui a dit. Elle ne sait pas bien. - Et Sam est en colère contre le monde entier alors je pense qu'il a besoin de son frère tu vois. Enfin, de celui qui a pas couché avec sa femme. Elle ajoute, la voix pleine de jugement. - Et maman aussi. Tu sais qu'elle survivra pas si t'y retournes. Elle conclue, traitrement, pas vraiment coupable de lui faire subir le tour de la famille. Pas vraiment capable de s'ajouter au total. Et pourtant...