and every night, the stars envy her. (liv)

• Flightless Bird, American Mouth.
1. take care
une dizaine de jours? un mois? peut être deux? tu ne comptais plus. tu ne bougeais plus. cloîtrée dans cette chambre qui avait bercé ton adolescence, tu ne savais plus quel jour on était, quelle heure même. tu étais totalement déréglée. tu n'ouvrais plus les yeux, embués par les larmes et brûlés par le sel. tu n'avais rien avalé depuis plusieurs jours, malgré les réprimandes de ta mère qui était revenu pour l'occasion. le premier vol qu'elle avait trouvé, elle l'avait pris. du moins, c'est ce qu'elle avait dit. elle avait appris la nouvelle par d'autres intermédiaires que toi. parce que tu n'y croyais pas. parce que tu n'avais pas envie d'y croire. tu réfléchissais. dans le vide, la plupart du temps. ne réfléchir à rien de concret te permettait de presque oublier la douleur. douleur indescriptible. ton monde qui avait décidé de s'écrouler. sans vraiment crier gare. sans vraiment te prévenir. comme une lame de 20 cm dans ton dos. tu avais eu du mal à respirer au début. puis tu avais mal. très mal. bien trop mal. tu ne pensais pas pouvoir survivre une telle douleur. et elle ne s'atténuait que très peu. malgré les heures, les jours, les mois. rien n'avait vraiment changé en toi. son nom te revenait. tu ne pouvais plus le prononcer. tu ne voulais plus imaginer ses traits. il t'avait achevé, anéanti, détruite. tu n'osais plus te regarder, ni même te sortir de tes draps. le temps passait. le temps ne t'attendait pas. il n'avait jamais vraiment fait attention à toi d'ailleurs. c'est pourquoi, tu savais que rapidement il te faudrait prendre une décision. tu ne pouvais pas rester comme ça. et c'est avec ce genre de pensée quu'un jour, tu te décidais à te lever, à te laver, te brosser les dents, les cheveux, à te maquiller comme à ton ancienne habitude. et tu préparais un sac. quelques affaires, de quoi te distraire. et sans entendre les réprimandes de ta chère maman, tu claquais la porte de l'entrée. tu entrais dans ta voiture, et tu conduisais sans franchement faire attention jusqu'à portland. tu te garais avec aisance, devant ce grand bâtiment blanc. en sortant, tu oubliais presque d'empoigner ton sac tellement l'édifice était impressionnant. mais tu étais décidée. tu y arriverais. tu poussais la grande porte vitrée. tout était chaleureux, calme et accueillant. un hôtel, ou presque. tu posais ton sac devant le buffet de la réceptionniste - secrétaire. elle levait nonchalamment vers toi. i would like to check myself in this program of yours. elle continuait à te regarder, le sourcils arqué. please. les larmes te remontaient aux yeux. tu avais du mal à garder la façade. elle te sortait un papier, un stylo. elle te demandait si tu étais sure de toi. if i don't enter your institute, i will do something terrible. i will hurt my loved one. and i can't do that. not to them. tu inspirais un grand coup. i have suicidal thoughts, i'm in a profound depression, so please, just check me in. i am strong enough to get through it, bu i will need professionnal help. et simplement à ce moment là, la femme a regardé à tes pieds. elle a vu le sac. elle a eu ce changement de regard: celui de crainte à compassion. celui de jalousie à pitié. tu devrais t'y habituer. beaucoup de gens aller te prendre en pitié, maintenant que tu te faisais interner.
2. tied up
il avait ce sourire. léger, presque imperceptible. ce regard azuréen, fixé sur toi depuis une dizaine de minutes. tu l'ignorais avec toute l'aisance qui te définissait. tu préférais lire ton livre, rising strong. tout en sachant ce qu'il se passait. tu jouais avec des mèches de cheveux. tu jouais de tes lèvres en formant quelques mots que tu lisais. tu rajustais tes lunettes de vue sur ton nez. tu entendais son rire, par moment. un simple souffle. un soupir. et cela te faisait sourire, instinctivement. tu étais là, installée dans la salle de repos, une heure avant le couvre-feu. tu étais censée être seule. mais il avait décidé de s'installer à quelques mètres de toi. pour ne pas trop éveiller les soupçons. et puis, tu levais les yeux. ton regard croisant le sien. un léger frisson parcourut ton échine. un courant électrique qui avait fait réagir chaque parcelle de ta peau. il avait ce regard amusé, ce regard joueur. ce regard envieux. tu avais du mal à t'en décrocher. le bleu avait toujours été ta couleur préférée, mais le sien était différent. tu savais pourquoi il était là, et il savait pour toi. il te faisait peur. il te faisait hésiter. il était tout ce que tu avais toujours espéré rencontrer. mystérieux. charmeur. dangereux. il était aux antipodes de ce que tu avais toujours connu. tu détournais le regard. tu sentais son sourire vainqueur se dessiner sur ses lèvres. en un soupir, tu te levais de ta chaise, décidant de retourner dans ta chambre. la proximité en hôpital psychiatrique n'est pas autorisée. vous patients étiez là pour vous soigner, pas pour vous détruire mutuellement en exploitant les faiblesses des autres. quelques secondes après avoir fermé la porte de la salle de repos, tu sentais un courant d'air dans tes cheveux. il était sorti. il t'avait suivi. ton cœur palpitait. trop fort. tu n'entendais plus très bien. le sang frappait à tes tympans. tu continuais à avancer. un peu plus vite. tu essayais de le semer. et tu entendais ses pas se rapprocher dangereusement. c'est alors que tu sentais une poigne puissante t'attraper le poignet, te tirant désespéramment dans l'ouverture d'une porte. tu te cognais le dos contre la poignée, et à nouveau contre le mur où il te plaquait. tu ne ressentais pas la douleur, tes sens étaient engourdis. tu le sentais lui, contre toi, à t'étouffer contre le mur de cette chambre vide. tu souriais, alors qu'il parcourait ton cou de ses lèvres avides. tu soupirais, lorsqu'il te disait que tu lui avais manqué. tu eus un rictus amusé, quand il te fit remarquer que tu étais un peu trop habillée.
c'est donc ça, la sensation que l'on ressent quand on se met en danger, quand on met sa vie en ligne de mire, quand on laisse le destin choisir de notre avenir. c'est donc ça que ressente les mauvaises filles.
c'est donc ça qu'on ressent quand on couche avec un ex-meurtrier.
3. in fire
tu souriais à la douce et gentille betsy. elle qui t'avait aidé à remplir tes papiers le jour de ton entrée, voilà que quatre mois plus tard, elle avait les larmes aux yeux de te voir partir. tu lui caressais doucement la main qu'elle te tendait. i'll come every tuesday for my therapy. i will see you again in less than a week. betsy te souriait, rigolait presque. elle le savait. elle était juste trop émotive pour travailler dans cette environnement. elle le savait, et toi aussi. mais tu ne pouvais rien pour elle. la seule personne que tu pouvais vraiment faire évoluer, c'était toi. ce passage dans cet institut t'avait fait un bien que tu ne pensais pas possible. tu avais appris plus sur toi en quelques mois que pendant les vingt-six autres années de ton existence. tu signais les derniers papiers qu'elle te tendait, signe de la fin de ton traitement en hospitalisation complète. et une fois le stylo déposé sur le comptoir, tu le contournais pour aller serrer betsy dans tes bras. ce qu'elle acceptait avec beaucoup de joie. tu rigolais dans son cou. jamais tu n'aurais pensé te lier d'amitié avec ce genre de dame. mais elle avait été gentille avec toi. elle avait été là pour toi. elle t'avait tendu une main, lorsque tu ne comprenais plus rien. cette étreinte était ta façon de la remercier. pour tout ce qu'elle avait fait. et puis, déposant une dernière fois le regard sur elle, tu attrapais ton sac et te dirigeais vers l'entrée. liv, wait. tu reconnaissais sa voix entre un millier. tu te retournais. il était à ta hauteur, te surplombant d'une tête. il soupirait, confus. il passait sa main dans sa nuque, à l'agonie devant cette situation. il avait encore quelques semaines à tirer dans cet endroit. call me, ok? cela avait du lui prendre beaucoup d'énergie. il avait du se préparer plusieurs heures avant de se décider à dire ça. tu te mettais sur la pointe des pieds, déposant un léger baiser sur sa joue. i will, jonas. you have my word. et il enlaçait ta taille. tu t’agrippais à son cou. il avait été le roc auquel tu t'étais rattachée pendant ses derniers mois. il avait beaucoup compté. et toi aussi, cela te déchirait de le laisser ici. mais tu savais que ce n'était pas terminé. qu'il sortirait d'ici. qu'il essayerait de retrouver un vie normale, après la prison, après ce qu'il s'est passé. et tu seras là pour l'épauler. tu relâchais l'étreinte, il en fit de même. il déposait un dernier baiser sur ton front, et s'engouffrait très rapidement dans les méandres de l'institut. betsy te regardait, rêveuse. tout le monde semblait savoir ce qu'il se passait entre toi et jonas. personne n'avait rien dit. l'institut était une reconstitution de ton village. là où tu retournais, après ses mois à te faire soigner. tu savais pertinemment qu'un bon nombre de tes anciens amis ne le seraient plus.

tu avais compris que tu allais devoir te battre pour retrouver ta place. mais tu n'avais pas le choix. car la vie est un combat de tous les jours, et aujourd'hui, tu es prête à te battre jusqu'au bout pour arriver à ton but. tu avais de nouvelles ambitions, de nouveaux objectifs. non, tu ne serais jamais maman, tu ne t'occuperais jamais d'un foyer, tu ne serais pas la parfaite épouse à la maison, cuisinière experte. tu serais la plus belle version de toi. tu te l'étais promis.
tu ne pouvais pas te laisser tomber. pas maintenant. pas après ce que tu avais traversé.